Lectures : des araignées, des cochons volants et des trolls des bois.

Bonjour tout le monde ! Ça fait longtemps que je n'ai rien publié, une éternité, me semble-t-il. Entre temps, j'ai réussi ma seconde année de Bibliothécaire-Documentaliste avec Grande distinction, j'ai racheté un nouvel ordinateur, créé des tas de choses...Et, aussi, j'ai lu beaucoup de livres. Enfin, ces vacances-ci du moins, et un peu durant l'année. Voici quelques critiques :)

Nous commençons par deux des premiers livres lus cette année, de la défunte mais ô combien brillante Gudule. J'ai choisi de faire un exposé sur elle cette année, ce qui fait que j'ai beaucoup lu de cette auteure belge. Elle est malheureusement décédée peu de temps après, et pour moi ce fut un crève-cœur.

La petite fille aux araignées
Roman d’abord paru en 1995 aux Éditions Fleuve Noir, collection « Frayeur ». Ensuite réédité et augmenté aux Éditions Denoël, collection « Présence du Fantastique » en 1997.

Résumé :
Miquette refuse de communiquer avec autrui, mais elle parle dans sa tête, se raconte... Elle raconte pourquoi elle élève des araignées, les nourrit de mouches qu'elle attrape en compagnie de Gogol, son « pote » mongolien, à l'hôpital où elle a fini par échouer... Elle raconte comment, un jour, sa mère a commencé à vieillir à toute allure pendant que sa tante rajeunissait. Elle raconte comment la première se retrouve finalement dans la tombe où devrait reposer la seconde... Comment son chien Titus, qu'on lui a enlevé, avait compris bien des choses, tout chien qu'il est... Elle nous confie le secret du contenu de cette poupée dont elle ne s'est jamais séparée... L'histoire de Miquette n'est-elle que la fabulation d'une petite fille traumatisée, ou a-t-elle pénétré dans un territoire où la magie vaudou se moque bien de la psychanalyse ? 
Mon avis : un court roman fantastique d’épouvante qui débute comme un conte mais traite d’éléments traumatisants et surnaturels. On se demande si cela est réel ou bien une fabulation que Miquette a créé pour se rassurer. Est-ce un récit réel mêlant des éléments extraordinaires ou une démarche thérapeutique pour surmonter le deuil ? On ne le saura jamais.
Pour moi, ce fut une plongée en même temps dans le monde de l’autisme et dans l’épouvante du fantastique. Un texte très court, qui se lit vite, mais qui est passionnant et dont on attend très impatiemment la chute, même si on la devine un peu avant la fin. J’ai trouvé le récit haletant, entraînant et rédigé avec l’écriture fluide de Gudule que l’on reconnaît bien. Un roman qui nous enchante de son suspens glauque et nous rend spectateur à travers les yeux et la compréhension de Miquette.  
Note : 3.5/5

Paradis perdu
Paru en 2010 aux Éditions MiC_MaC
Résumé : À la suite d’un arrêt cardiaque, Andrée Vandermeulen, âgée de 64 ans, se retrouve au paradis… mais pas le bon. En fervente catholique pratiquante, elle attendait se retrouver au paradis chrétien, avec ses anges en robe blanches, ses saints et ses saintes. Mais l’erreur est humaine et « car si, comme chacun sait, l'erreur est humaine, elle s'avère également divine, l'Homme étant à l'image de Dieu ! » (quatrième de couverture) et « Dédée », de son surnom, est mal aiguillonnée vers le paradis des dieux de l’Antiquité : l’Olympe ! Un paradis païen, comble du comble pour une chrétienne.
Mon avis : quel bonheur de suivre les aventures de cette vieille dame pieuse au beau milieu de ce joyeux bazar païen ! On sent tout le plaisir que Gudule a pris en écrivant ce livre à chaque ligne. Un roman délicieusement critique envers le christianisme, une taquinerie gentille mais ô combien drôle !
C’est surtout cette comparaison christianisme/paganisme qui m’a plu, et l’expression sans cesse plus scandalisée de Dédée devant la liberté et les mœurs de l’Antiquité. Et le fait, que, même elle, la plus pieuse des pieuses, se laisse convaincre et met au placard ses principes conservateurs. Car on ne parle pas que de sexe dans ce livre (Dédée découvre - et apprécie - le lesbianisme chez les Amazones, la nécrophilie - elle-même étant déjà morte -, et observe des actes de zoophilie - mythologie grecque oblige), on parle surtout de « carpe diem », de profiter pleinement de la vie, voire un peu trop, à l’opposé de ce que promeut la Bible. Donc bien manger, bien boire aussi, etc. J’ai aussi été beaucoup touchée par la personnalité des personnages, tous plus attachants les uns que les autres, tous plus uniques. On ressent beaucoup l’amitié et la tendresse des gens qui aident Dédée et qu’elle-même apprend à aimer.
J’ai ri, j’ai souri et ricané, même si je n’étais pas toujours à l’aise avec une sexualité si débridée et si abondamment décrite (ben, oui, que voulez-vous). Malgré tout, c’est mon roman préféré de tous ceux que j’ai lu de Gudule, sans conteste.
Note : 4.5/5



On enchaîne avec Les Chroniques du Bout du Monde de Paul Stewart et richement illustré par Chris Riddell.

Par-delà les Grands Bois est paru en 1998 en anglais et en 2002 en français. C'est le premier volume des Chroniques du bout du monde. Le Chasseur de tempête est le second volume des Chroniques du bout du monde et de la trilogie de Spic. Minuit sur Sanctaphrax en est le troisième volume.

Résumé :
Depuis son plus jeune âge, Spic se sent différent des autres trolls des bois : il est grand, mince et ne pense jamais comme les autres trolls qui sont méchants avec lui. Sa mère et son oncle l'aiment comme il est, mais un jour, sa mère lui avoue qu'il a été adopté, trouvé au bas de la porte avec un drap que Spic porte toujours au cou. En plus de cela, elle lui dit de s'enfuir car elle est sûre que les pirates du ciel le veulent dans leur équipage, sur leur bateau volant : ils viennent souvent dans les Grand-Bois, chercher du bois coupé par les trolls.
Sur le conseil de sa mère adoptive, il prend le sentier des trolls que l'on ne doit jamais quitter (sinon on a de fortes chances de ne pas passer la nuit). Mais Spic le quittera sans le vouloir, il rencontrera beaucoup de personnages tous différents et étranges (à chaque personnage une aventure) et trouvera aussi sa vraie identité.
Un soir d'orage dans les Grands Bois, il aperçoit un navire du ciel en train de s'écraser. Il retrouve les pirates, leur montre où est la roche de vol du navire et passe la soirée avec eux. Le Capitaine, le Loups des Nues, raconte son histoire et celle de sa femme qui ont abandonné leur bébé à sa naissance…

Spic va ensuite devoir s'échapper d'un incendie et affronter le Luminard. Heureusement, l'Oiseauveille — dont Spic avait assisté à la naissance — veille sur lui.

Mon avis : j'ai adoré, je les conseille vivement aux amoureux du genre 'fantasy jeunesse'! Un univers unique, une bouffée d'air frais et d'originalité, des personnages attachants, une écriture soignée et bon scénario... Coup de cœur. Si vous aimez les gnomes, les trolls, et autres bêbêtes des bois,... un univers aux lois et aux créatures aussi décalées que dans Alice au Pays des Merveilles... les complots, les histoires d'exploration, de combats et de quête identitaire, ces livres sont faits pour vous !

Ils font partie d'un grand cycle. Les livres ne sont pas parus dans l'ordre chronologique. C'est par celui-ci qu'il faut commencer si vous souhaiter tout lire, mais chaque trilogie peut être lue séparément. mais, croyez-moi, si vous êtes comme moi, vous apprécierez de les lire dans l'ordre logique, vous comprendrez certaines références, certains clins d'œil, et vous vous sentirez à 200% intégré dans cet univers juché au bord d'une falaise.

Voici les différents cycles (source : Wikipédia)

Trilogie de Quint
  • Tome 7 : La Malédiction du luminard (The Curse of the Gloamglozer)
  • Tome 8 : Les Chevaliers de l'hiver (The Winter Knights)
  • Tome 9 : La Bataille du ciel (Clash of the Sky Galleons)
Trilogie de Spic
  • Tome 1 : Par-delà les Grands Bois (Beyond the Deepwoods)
  • Tome 2 : Le Chasseur de tempête (Stormchaser)
  • Tome 3 : Minuit sur Sanctaphrax (Midnight Over Sanctaphrax)
Trilogie de Rémiz
  • Tome 4 : Le Dernier des pirates du ciel (The Last of the Sky Pirates)
  • Tome 5 : Vox le Terrible (Vox)
  • Tome 6 : Le Chevalier des clairières franches (Freeglader)
Le cycle de Nathan
  • Tome 10 : La guerre du phrax (The Immortals)
  • Tome 11 : Les Immortels (seconde partie du livre anglais : The Immortals

Le Cycle de Cade
  • The Nameless One  sorti récemment en anglais
Hors cycle
  • The Edge Chronicles maps (non paru en France)
  • Les parchemins égarés (The Lost Barkscrolls)
Fin de la Saga.


Petite mention spéciale pour les illustrations magnifiques de Chris Riddell. On pourrait croire qu'il y en a trop, que c'est trop enfantin, ou que cela réduit le potentiel imaginatif. Moi au contraire je les ai trouvé très bons, uniques, typiquement dans un style 'anglais', ils m'ont aidée à mieux visualiser certaines choses, certaines créatures, certains aspects de ce monde complexe. Du coup, ils permettent une véritable plongée dans un univers complètement inconnu, avec son propre style, son propre graphisme.

Note : 5/5

* * *
Au prochain épisode : critiques des livres "Le Clan des Otori" de Lian Hearn, "La prophétie de l'oiseau noir" de Marcus Sedgwick, "Le Meilleur des mondes" d'Aldous Huxley, "La fille de l'archer" et sa suite de Serge Brussolo.

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